Jasmine, toi qui as décidé de repartir aux racines de ton âme, voici que sous la pluie tu nous conduis à cinq kilomètres d’Ebolowa, là où l’immense chef Evina Minko (1840-1925) avait vaincu les Allemands avec une troupe de six mille guerriers… Partis pour un rendez-vous formel, une séance de travail d’une heure ou deux, nous nous sommes évanouis dans les bras de la Nature originelle…

Étrangers « dérobés » à l’arrivée, notre Assu Zo’o, le Janea local, a su remettre nos émotions aux humeurs du bonheur avec le nectar des dieux et des fruits pressés qu’on ne saurait réussir qu’au cœur de la forêt ancestrale…
Le sujet de QUAND LES RACINES CHANTENT nous entraîne aussitôt dans un échange littéraire passionné… L’état du Livre en Afrique demeure la priorité…

Et c’est parti pour une visite guidée…

Tandis que nous ouvrons le portes et découvrons l’immensité d’un rêve d’art, de culture et de Littérature, la même question nous revient : « Comment peut-on avoir un tel potentiel et ne pas en connaître l’existence »…
Pauline Ongono, Aubin Eyike et #TheGhost pensent déjà à mille possibilités de faire exploser le Livre en ces lieux… Danielle Eyango s’y retrouve et Jasmine s’y reconnaît… Une étendue verte pour se recueillir, des espaces de lectures, une salle pour des ateliers à hauteur d’âme et des objets et outils culturels d’une inestimable originalité…

L’Histoire… Jasmine Yondo… des exploits que ne disent pas nos livres habituels, des exploits, comme le rappelle le maître des lieux, qui n’attendent que la Jeunesse et sa créativité pour être offerts à l’histoire du jour…
Le Centre Culturel SM EVINA MINKO D’AZEM regorge de trésors qui se dévoilent aux visiteurs passionnés et qui inspirent autant que celui qui les met à la disposition de la jeunesse… Et, entre deux visites, une halte pour savourer un vin d’écorce fraîchement ouverte et débattre des dispositions pour le Livre de Qualité…

Après six heures conclues par un repas aux 178 épices, une promesse est consignée aux racines de l’arbre centenaire qui a poussé sur le rocher en pleine ville… Nous revenons bientôt, pour inscrire à la mémoire des plus jeunes une expérience au cœur des mots dont seule la terre du village a le secret…

En attendant, retrouvons-nous demain, 05 juillet 2023, au Goethe-Institut Kamerun, pour une immersion dans les entrailles de la terre-mère… Danielle Eyango s’offrira comme jamais… Le njoka littéraire promet d’être une réconciliation entre ceux qui sont partis et ceux qui reviennent… Ceux qui entretiennent les racines et ceux qui nourrissent les fruits…

La petite planète de nos connaissances n’est rien devant l’univers de nos ignorances…

Ray NDÉBI dit…

« QUAND LES RACINES CHANTENT, roman de Dany Eyango paru chez Fondation AfricAvenir International…

Commandement 2 : TRAVAILLER, PUISQU’ON EST MAUDIT…

Dimanche, 1er août 2021…

Jasmine, ce jour-là, le soleil est bien lourd… Il nous semble que son poids repose sur nos épaules… Pauline Ongono et moi sommes arrivés de Yaoundé, et toujours cet air de découverte… Comme si nous visitons un pays nouveau… Douala change si souvent de forme et d’humeur… Ekele Jean Michel nous rejoint de Limbé et, quelque temps plus tard, Daniel Alain Nsegbe (Mutt-lon) s’installe… Nous ne le savons pas encore, mais il fait déjà Nuit…

Jasmine, tu as indiqué quel regard tu voulais pour faire venir au jour le chemin des crépuscules que tu as un soir pris… Quand tu t’ouvres entre les mains de Mutt-lon, il s’ouvre un champ qui commande un labeur ardent… Ils ne savent pas, ceux des matins naïfs, combien nue et disséquée l’écriture est un délice… Elle est vraie, ainsi offerte…

Pauvre Danielle Eyango, elle passe par tellement de tourbillons quand nous entamons ce travail, que son visage si hospitalier d’habitude se décompose et nous devient hostile… Jasmine, tu l’ignores et continues, en silence, à observer nos suggestions… Tu signifies, dans un murmure de rivière. que les extensions ne te conviennent pas, ton feuillage tu le savoures au naturel…

Quand le soir des vivants descend, le poids des élans superflus s’en est allé… la fierté est morte… L’hospitalité de Danielle est de retour, et tu es paisible, Jasmine… Dans mes veines, sang et whisky valsent… En marchant vers une ville qui, elle aussi, s’en va, Mutt-lon et moi conjuguons la Littérature au temps de la Passion… Avant de s’évaporer, il me dit : << Continue d’encadrer la Littérature comme tu le fais, tu auras toujours plus d’adversaires que de partenaires… Mais ne t’arrête jamais… >>

Jasmine, l’adversité n’existe pas pour ceux qui œuvrent dans les ténèbres, là où la lumière est si vive que la cécité est bénie… Je ne t’apprends rien, chère Jasmine Yondo… Aujourd’hui, tu es dans les foyers et sur les étagères, parmi d’autres âmes libérées des servitudes… et tu es encore plus exigeante, comme si ce jour n’avait pas beaucoup servi…

Y serons-nous un jour… Je ne sais même pas où reposent les âmes maudites… Alors je ne sais pas si nous y serons… Je sais juste ceci, nous irons jusqu’au bout de l’infini…

Et il fit Nuit… »

Il était enfin là… Jasmine pouvait se montrer, pour ses trois premières nuits… 💝

Mettre l’auteur réellement face à ses écrits est un exercice très important. L’auteur.e peut ainsi mieux voir ses atouts, ses « défauts » en écriture… Ça éprouve l’auteur.e et forge sa patience et son esprit pédagogue.

Je reste disponible pour ce type d’échanges.

« Silence ! On ferme les yeux, on écoute et on se projette ! »

Je dois avouer que j’appréhendais un peu ce moment. C’était la première fois que je faisais une séance de botilingui avec un public plus jeune ; heureusement, ils sont revenus intacts, certains souvenirs douloureux enfouis peuvent très souvent ressurgir.

Un aperçu vidéo ici : https://fb.watch/np07C4K0li/?mibextid=Nif5oz

https://fb.watch/np07C4K0li/?mibextid=Nif5oz

Bel échange !!! Entre l’écrivain Mutt-Lon, mon agent littéraire Ray NDÉBI, ma famille, mon éditeur et les acteurs du livre, Le parfum de ma mère nous a imposés une autre piste, noir et belle, comme mes nuits…